La sacoche se vida entièrement dans l'eau de la fontaine laissant entendre un grand fracassement. La laitue fit dans l'eau l'effet d'un acide sur une base. Des litres de mousse commencèrent à remplacer peu à peu l'eau et à faire sortir la limace d'or de sa cachette. Elle avait senti l'odeur de la laitue africaine qui peu à peu tendait à se dissoudre. les yeux de la limaces devinrent ronds comme des billes, elles se frotta les antennes et se précipita sur le festin. Elle attendait ce repas de roi depuis des années et c'était ce pauvre Jojo, bourré comme un coing toute la sainte journée, qui avait su être le meilleur et le lui apporter. La limace décida de faire une photo souvenir pour qu'elle se rappelle à jamais à quel point cet être était merveilleux. Jojo ne comprenait pas l'engouement de la limace pour sa salade lui qui aurait préféré une bonne part de pizza, mais il savait bien que tant que la limace était heureuse, il valait mieux en profiter. D'ailleurs, dès qu'elle eut finit son repas, elle exauça la prophétie. D'un seul claquement de doigts de limace, elle fit pleuvoir sur la ville de La ville aux limaces et les champs se mirent à pousser, les rivières regorgèrent d'algues et donc de poissons, les arbres se décorèrent de fruits et ces fruits se regorgèrent de sucre. Jojo savait qu'une nouvelle ère était arrivée et que les habitant de La ville aux limaces allaient enfin connaître l'aisance et la gloire. Cette ville deviendrait enfin une cible au capitalisme: des Mac Do s'implanteraient là dans quelques jours déjà, des salles de cinéma, des magasins comme Jennyfer. Jojo allait vraiment être heureux. Alors pour fêter ça, il invita de nombreux amis. Il retrouva la vieille, le capitaine Pilate, le nain K.K.Wett et tous les autres pour faire un barbecue géant avec notamment de la poule farcie à la laitue africaine. Bref, la soirée battait son plein et tout le monde était heureux, à croire qu'enfin, tous les problèmes humains étaient résolus...

Il n'eut pas à lui exprimer son envie de stopper cette conversation car le train venait de s'arrêter à la ville aux limaces. Cependant, la medium avait perçu ces ondes négatives. A la sortie de la gare, Jojo s'aperçut qu'elle était toujours derrière lui :
-"Je te maudis !" vociféra-t-elle en le pointant du doigt. Un éclair bleu jaillit et passa juste au-dessus de Jojo qui l'esquiva de justesse.
Jojo ne fit ni une, ni deux et pris ses jambes à son cou. La medium s'élança sur ses pas. Jojo sentit l'adrénaline monter en lui, ses pas s'allongeaient alors de plus en plus et leur fréquence augmentait. La medium se délesta de ses valises. Sa haine lui donnait une motivation incroyable. Cependant Jojo tenait bon. Il esquivait les passants qui regardaient de façon intriguée cette folle course poursuite. Jamais il n'avait fait de sport, mais la pression était telle qu'il atteignait des vitesses qu'il aurait cru jusqu'alors inimaginables. Malheureusement la medium était jeune et elle pratiquait l'athlétisme. Jojo changeait de direction à chaque carrefour, mais elle était toujours derrière lui et le mitraillait de mauvais sorts. Jojo continua dans une petite rue. La ruelle tourna une fois à droite, puis une fois à gauche, et s'acheva sur une palissade de bois. De l'autre côté se tenait la place de la fontaine aux délices. Jojo n'avait pas le choix, il lui fallait passer de l'autre côté, d'autant plus qu'il entendait les injures de la medium se rapprocher. Mais il n'eut pas le temps d'entreprendre l'escalade que la medium débarqua derrière lui :
-"Tu m'as manqué de respect alors que je ne cherchais qu'à t'aider, tu vas crever, raclure !"
Jojo se jeta derrière une caisse, que la medium fit exploser en morceaux.
-"Je ne suis pas seulement medium ! J'ai été éduquée dans la sorcellerie, et je possède de nombreux pouvoirs pour te réduire à néant ! ! !" s'écria-t-elle.
Elle respirait la haine, ses tempes battaient, et tout son corps tremblait. Elle recula d'un pas, ancra ses deux pieds dans le sol et leva les bras vers le ciel, puis dans un mouvement circulaire les ramena vers l'avant :
-"Kamehaa.. Me... HAAAAAAAAAAAAAAA ! ! !"
Une onde bleue jaillit de la paume de ses mains vers l'avant et alla frapper Jojo de plein fouet. Il fut littéralement expulsé. Ses vêtements se déchirèrent et sa sacoche se décrocha. La palissade vola en éclats et Jojo traversa le ciel en criant. Sa tête vint frapper le rebord de la fontaine aux délices.
La medium se tenait toujours dans la petite rue, dans un nuage de poussière. Un rictus mauvais sur les lèvres, elle contemplait son oeuvre.
La sacoche de Jojo avait atterri sur le bord de la fontaine. Jojo essaya de se relever pour la récupérer, mais à bout de forces, il s'effondra de plus belle, faisant trembler le rebord de la fontaine, dans laquelle la sacoche tomba...

La médium commenca par étaler devant elle toute sorte de mystérieux accessoires : têtes miniatures, boules transparentes et autres bibelots... Elle se concentra ensuite et posa son index contre le front de Jojo tout en tenant la tête réduite dans son autre main. Ses yeux vides se mirent à rougir, de la sueur apparaissait sur son crâne. Tout en pressant de plus en plus fort Jojo (qui se demenda si sa tête n'allait pas aussi rétrécir sous la pression), elle commenca à prononcer ces mots : "MMmm je vois que vous avez un passé difficile Jeune homme. Votre père a été exclu de la société durant votre petite enfance : il a attrapé un champignon rare en se fauchant le petit orteil. Vous ne l'avez jamais revu et vous avez sombré dans l'alcoolisme. Plusieurs personnes de votre village ont subit le même sort. Tous se sont enfuit sous la menace des paysans. La limace d'or, fachée de l'égoïsme des habitants et de leur bétise grandisante, a arrété de faire pleuvoir pour les punir. Elle disparu ensuite. Cette histoire est une légende maintenant. Jeune homme...vous ne transportez pas de l'herbe dans votre sac ! Mais de la mousse qui pousse sur les membres de ces Rejetés. C'est la preuve qu'un noble coeur, un coeur pur les a approché. Déposez là sur la fontaine de votre village et tout sera de nouveau comme avant ! ...Mais !! Que vois je !!! Attention votre avenir est très incertain jeune homme...Vous avez vous même mangé de cette mousse, prenez garde à vouuuus !! Je vois aussi que vous avez tué un Rejeté ???!". A ces mots Jojo en avait assez. Il avait à présent une grosse marque douloureuse sur son front. Bien que les dires de la médium soient vrais concernant son passé, il aurai souhaité entendre d'avantage sur son avenir et pas du baratin. Il ne croyait pas un mot sur cette mousse qu'il avait emporté avec lui. Pour lui ce n'était que de l'herbe et vu l'état des yeux de son interlocutrice il se demenda si elle en avait pas fumé...

Ils marchèrent sans but pendant au moins une heure quand Jojo remarqua devant lui un énorme panneau qui se dressait sur le bord de la route. C'était une publicité pour la SNCB, la société nationale des chemins de bois, qui gérait tous les voyages par train. Jojo se dit que pour rejoindre La ville aux limaces, le train était bien le moyen de transport le plus rapide. Il continua encore quelques kilomètres avant d'arriver de nouveau dans la ville de Tartuelle. Il ne lui fallut pas longtemps pour rejoindre la gare. Comme il n'avait pas de billet, il décida de troquer à présent son âne contre le ticket. Après tout, sans son âne, il pourrait se garder la mousse verte pour lui, quand il aurait faim. Entre nous, il savait bien que cela ne risquait pas d'arriver de sitôt étant donné le succulent festin qu'il avait fait la nuit précédente. Il prit un siège dans le premier wagon, juste en face d'une médium. Elle avait le regard vide, et murmurait tout un tas de formules incompréhensibles. Quand elle vit Jojo, elle lui proposa immédiatement de lui lire l'avenir. D'un sourire, notre héros accepta...

Le changement de luminosité dérangeât Jojo dans son sommeil. Devant lui se tenait un petit être manchot légèrement penché sur le côté. Qui était-ce ? Que voulait-il ? D'où venait-il ? Jojo n'en savait rien et ne se posait même pas la question. Il savait qu'il avait faim et qu'il rêvait. Autant en profiter... Il se jeta alors sur le petit homme et d'un habile coup de couteau lui ouvrit le haut de l'abdomen transversalement. Il glissa la main par la fente, remontant jusqu'au coeur pour pincer l'aorte. Sa proie chavira : son coeur venait d'exploser. Jojo commença alors son festin. Il le dévora quasiment en entier : il ne restait plus que les os et une étrange mousse verte qui recouvrait son moignon. Le soleil commençait alors à se lever. Jojo était confus, content d'avoir bien mangé mais triste de bientôt se réveiller, quand un moustique vint le piquer. Le piquer ?!? Jojo ne rêvait pas ! Avant que l'âne ne se réveille il enterra les os et mit dans son sac la drôle de mousse verte. Elle était sûrement très énergétique, et donc parfaite pour l'âne quand il lui viendrait un coup de fatigue.

Cependant, afin de ne plus renouveler les départs précipités de son cher animal, Jojo plia son indexe contre son pouce et infligea une petite tiquette à son oreille. L'âne poussa un braiment terrible et flanqua un coup de sabot à son agresseur. Consterné, Jojo recommenca le même geste envers l'âne, mais plus fort cette fois et avec un blâme. La bête répondit par un autre coup de sabot, qui disait : "toi aussi tu m'as mal surveillé". Les deux compagnons enchaînairent les coups durant un certain temps. A se demender qui était le plus entété des deux. La fin de la dispute se termina par un coup bien placé de l'âne. Par la suite on ne sut distinguer les cris de l'un et de l'autre. Quand vint la tombée de la nuit Jojo s'installa dessous un chataigner et l'âne à quelques mètres de lui sur une pierre recouverte de mousse verte. Tous deux étaient très fatigués et il fallait une bonne nuit de sommeil pour recharger les batteries et oublier les querelles. Cette nuit fut douce et étoilée. Le vent entre les feuilles masquait partiellement les rayons lumineux en provenance de la pleine lune. Il faisait assez clair. On pouvait entendre un hibou chanter et plusieurs injures de Jojo à son adresse. A un moment de la nuit, le vent se rafraichit tout de même. Le hibou aretta de chanter. La lune se mis à briller avec de plus en plus d'éclat. Une ombre étrange s'avancait vers Jojo lentement...

Jojo n'avait donc pas d'autre choix que de trouver une forêt de chataigners s'il voulait trouver un manchot couvert de champignon... Il sortit de l'épicerie n'ayant plus que dans les poches la boussole en bronze. La fatigue des heures de marche commençait à s'accumuler et notre héros regrettait amèrement son âne qui aurait pu supporter son poids jusqu'à trouver la forêt tant recherchée. Jojo prit alors sa boussole se souvenant que lorsqu'il voyageait encore avec la vieille, ils avaient dû l'égarer près d'un ruisseau où l'équidé aurait voulu s'abreuver. Il rechercha alors le nord et après une heure trente deux minutes et cinquante deux secondes (et oui, la boussole faisait aussi option chronomètre!!!) il retrouva son âne attaché par une cordelette à un chataigner. Il pensa d'abord que l'âne avait dû trouver une corde et se lier lui-même à l'écorce de l'arbre, mais Jojo se souvint que les ânes n'étaient pas réputés pour leur intelligence; un individu avait dû trouver l'âne à cet endroit là et avait dû décider de se l'approprier. Ne voulant pas perdre de temps mais surtout peureux de devoir se confronter à cet individu, Jojo dénoua la corde et pris la poudre d'escampette. Pour éviter de se faire repérer par le crissement des feuilles mortes sous ses pieds, Jojo ôta ses chaussures et marcha sur la pointe des pieds. Il parcourut ainsi quelques mètres tenant son âne auprès de lui. Mais soudain, il piétina une aiguille de pin qui traversa son gros orteil gauche dans toute son épaisseur. Jojo poussa alors un hurlement terrible qui attira le géant des forêts jusqu'à lui. C'était Léonard, ce géant! Et c'était lui qui s'était auto-proclamé propriétaire de l'âne dans le but d'en faire son dîner. N'ayant plus rien à négocier d'autre, Jojo troqua son âne contre sa boussole. il préférait en effet son âne à la montre en bronze. Et oui! N'oublions pas que Jojo est bûcheron et il connaît donc les forêts comme sa poche!!! Alors, Jojo reprit la route vers l'orée de la forêt, confiant, serein, et en bonne compagnie: celle de son âne retrouvé!!!

Jojo était fort déçu, il avait l'impression de n'être encore qu'au début de sa quête. Il rentra dans la première épicerie qu'il croisa dans le but de noyer son désespoir, une fois de plus, dans l'alcool. Il se servit largement dans les étalages et se paralysa au moment de payer. Non seulement il n'avait pas d'argent sur lui, mais en plus l'épicier louchait. Et surtout, il était noir... Jojo l'interrogea. C'était bien un africain ! L'épicier lui proposa de lui révéler ce qu'il savait sur la laitue africaine si Jojo le finançait. Ce dernier accepta et dut se résoudre à payer l'épicier avec la carte au trésor... L'épicier s'empara de la carte et remarqua le message inscrit au dos. Malgré son handicap, il tenta de lire. Son strabisme modifia l'ordre des lettres, et sans s'en apercevoir, il en lut une sur deux :
"Vous pouvez ajouter iletaittroisfois à votre page d'accueil netvibes grâce aux flux rss en cliquant à droite du texte"
Jojo releva la tête, d'un air douteux. Son interprétation du message était bien française, mais elle restait insensée. Qu'est-ce que c'était qu'une page d'accueil ? Et qu'un flux rss ?
Peu importe, car l'épicier lui parla ensuite de la laitue africaine. Elle n'avait plus grand chose d'Africain. Il s'agissait en fait d'un champignon d'origine africaine se développant aux poignets de ceux que l'on amputait. Cette laitue africaine modifiait la personnalité des malades et les obligeait à vivre à l'écart de la société, aux abords des forêts de chataigniers...